Grain de riz n°8: Les trous de lapin

Quiconque a lu Alice au pays des merveilles sait qu’au début de ce célèbre récit Alice tombe dans un trou de lapin, et que cette chute dure si longtemps qu’elle a tout le loisir de se livrer à d’étranges réflexions et rêvasseries. A partir de cette situation on a imaginé le jeu d’écriture suivant: on prend une page au hasard, dont on ne retient que les mots en début et en fin de ligne. Ces mots forment les deux parois d’un trou, dans lequel tombe l’élève: il doit alors – telle Alice en ses rêvasseries, saisissant au passage un pot de confiture qu’elle replace après y avoir goûté sur une autre étagère – trouver le moyen de relier entre eux les mots de droite et de gauche par une histoire de son invention, en s’efforçant que les lignes de raccord soient de longueurs à peu près égales. Ainsi ont été écrits les Trous de lapin des 5A et les Trous de lapin des 5B.

L’intérêt est double: d’une part, pour celui qui écrit, d’avoir réussi à inscrire son histoire entre ces deux séries verticales de mots arbitrairement fixés, ce qui peut être assez difficile, mais surtout, pour les lecteurs, de comparer les diverses solutions proposées à partir d’un même canevas. Celles-ci ne sont pas infinies – puisque l’alphabet comporte un nombre de lettres limité – mais d’un nombre suffisamment inconcevable pour que chaque participant puisse proposer une solution à la fois inédite et géniale. (Pour le professeur, l’intérêt est d’avoir pu ainsi amener les élèves à un travail de rédaction très poussé, car les contraintes de l’exercice obligent les élèves à multiplier toutes les possiblités lexicales pour exprimer une même idée, puis à n’en retenir que la meilleure, à prendre conscience avec la plus grande acuité de la construction syntaxique de la phrase, et des prises qu’elle offre au développement, à tenir compte de tous les paramètres de cohérence du texte (temps, thème, registre, logique, etc) et de façon générale à porter une attention inaccoutumée aux moindres détails de l’expression – ce qui est proprement écrire.)

Les élèves de 5ème A et de 5ème B se sont donc essayés à ce jeu. Chaque élève a pu se confronter individuellement à la difficulté de l’exercice, mais l’on a ensuite retenu seulement cinq solutions qui paraissaient viables et intéressantes, et on les a retravaillées collectivement en classe, chacun étant invité à proposer des corrections ou des améliorations au texte de départ. Il s’agit par conséquent d’un travail collectif, le premier jet individuel, retravaillé en commun, ayant parfois beaucoup évolué jusqu’au texte final; mais nous signalerons quand même que les propositions initiales des Trous de lapin des 5A émanent, dans l’ordre d’apparition des textes, de Thai Vy VOSSEN, Lemoni MATSUMOTO, Yena OH, Léane NGUYEN, Zora GLOAGUEN, et celles des Trous de lapin des 5B de Noam FITOUSSI, Claire BONNET, Louise NEMERY, Georgia VO, Joseph GIORDANO. Bonne lecture, et n’hésitez pas à creuser vos propres trous de lapin!

Fabien GIARD, professeur de Français des 5A et 5B

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