Grain de sel n°22 : Concours du plus beau poème d’amour

Le 2 février 2024 a eu lieu la remise des prix du concours du plus beau poème d’amour organisé par notre documentaliste auprès de tous les élèves du collège et du lycée! En voici le compte-rendu sur le site du lycée, ainsi que le recueil des poèmes qui en a été tiré.

Voici également la liste des lauréats et les textes primés:

Au collège:

1er prix : Marie, 4D avec “Chagrin d’amour
2ème prix : Lucien, 6A avec “Quand on a que onze ans
3ème prix : Léopoldine, 4D avec “Tu me manques


Prix élèves : Joan, 4D avec “L’amour en couleurs” “


Au lycée:

1er prix : Pham Ngoc Khoi, 2B avec “Notre enraciné
2ème prix : Pauline, 2A avec “Amour de nuit
3ème prix : Tallulah, 2A avec “Passion incandescente

Grain de riz n°63 : Lauréats du prix Pousse-Crayon 2023

La 7ème édition du prix Pousse-Crayon avait cette année pour thème “Vivre en 2040, dans la ville où vous habitez, en imaginant toutes les avancées écologiques qui permettent une vie en ville plus sereine et agréable. Malheureusement un phénomène climatique inconnu vient perturber la quiétude de la ville…” Le cadre devait rester réaliste et l’on ne devait pas faire intervenir de héros aux super-pouvoirs. Cette année, 5 classes de Cinquièmes ont participé: deux de notre LFI Marguerite Duras (Vietnam), une du Lycée Charlemagne de Pointe-Noire (Congo), une de l’École Française de Kampala (Ouganda), et une de l’École de la Nativité à Djibouti. Seul 2 textes par classe ont été retenus dans la sélection finale, et les 10 textes finalistes ont été classés anonymement par un jury de 14 lecteurs volontaires, qu’il convient ici de remercier:

  • Mme CLABAUT Marine, Prof d’Arts appliqués, Lycée Myriam, Toulouse
  • Mme VITAL Danièle, Prof en école maternelle à la retraite, La Rochelle
  • M. BEAU Frédéric, Prof de Maths, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme SISMONDI Sara, Prof de Lettres, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme MKADARA Madina, Prof de Lettres, Collège de Tsimkoura à Chirongui, Mayotte
  • Mme ARQUEMBOURG Anne, Prof Documentaliste, Lycée Charlemagne, Pointe Noire
  • Mme POZNANCZYK ECKERT Irène, Prof de Lettres, École des Pupilles de l’Air, Montbonnot
  • Mme EXBRAYAT Hélène, Prof de Lettres, Lycée Charlemagne, Pointe Noire
  • Mme FERLAY Christine, Secrétaire à l’Ambassade de France en Ouganda
  • Mme LAPASSE Hermine, Kampala
  • Mme CHAMPIGNY Karine, Secrétaire à l’École Française de Kampala
  • Mme LEFEVRE Sandrine, Kampala
  • Mme IBARRA Mélina, Principale adjointe à l’École Française de Kampala
  • Mme BRUNEL Marie, Prof de Lettres à la retraite, Lyon

Remercions également les professeurs qui ont encadré les élèves dans la rédaction de ces textes, à savoir :

  • Mme VITAL Émilie du Lycée Charlemagne, Pointe Noire
  • Mme CRENDAL Garance de l’École de la Nativité, Djibouti
  • M. MEUNIER Yannick de l’École Française de Kampala
  • M. GIARD Fabien du Lycée Marguerite Duras, HCMV

Après le classement final des 10 textes présélectionnés, 3 seulement ont été retenus (ce qui est assez cruel car le quatrième était à un point d’écart du troisième !) Les 3 lauréats de ce concours d’écriture sont donc cette année, par ordre:

  1. Tom TURNER, de l’École Française de Kampala
  2. Tifaine TRINH, du LFI Marguerite Duras
  3. Léa GUSTADINI, du Lycée Charlemagne à Pointe Noire

Bravo à eux trois ! Vous pouvez lire leurs histoires sur ce blog, et n’hésitez pas à laisser un mot en commentaire de cet article.

Grain de riz n°62: Lectures croisées du Petit Prince

 

Le lundi 20 mars, journée internationale de la Francophonie, le LFI Marguerite Duras invitait une cinquantaine d’élèves des classes bilingues vietnamiennes du collège Trần Văn Ơn. Cette rencontre avec les élèves de nos cinq classes de Sixièmes s’est déroulée en trois temps:

 

  • Une lecture, légèrement théâtralisée, de quelques extraits du Petit Prince où alternaient le texte français et sa traduction vietnamienne, par des groupes de lecteurs des classes de 6A, 6B, 6E. Pour les curieux, voici le script de ces lectures croisées: chap 8, chap 10 (extrait 1), chap 10 (extrait 2), chap 11, chap14, chap 21

 

  • Quelques vidéos réalisées à partir de rédactions ayant pour sujet un chapitre inédit du Petit Prince, réalisées par des élèves de 6C et 6D. Vidéos accessibles au lien suivant:

  • Une conférence de M. Dai, le traducteur en vietnamien du Petit Prince, suivie d’un échange avec le public

La rencontre s’est conclue par un échange de dessins entre les élèves, dont quelques uns défilent pêle-mêle dans le diaporama ci-dessous, puis un déjeuner à la cantine.

 

Et nous sommes heureux d’avoir reçu de la part des élèves du collège Trần Văn Ơn ce très bel album réalisé par leurs soins, et dont voici quelques pages:

 

Merci à eux! Cảm ơn rất nhiều

LAM Xuân Tho et Fabien GIARD

 

Grain de sel n° 21: Côn Sơn

Côn Sơn

La prison de Côn Sơn est composée d’une rangée de plusieurs dizaines de cellules affreuses, sales et étroites. Devant chaque cellule, il y a les compartiments propres et ventilés des geôliers français. Les cellules demeurent à l’air libre. Ce qui ressemble à un avantage est en fait un malheur, les détenus passent l’entièreté de la journée à rôtir sous le soleil tropical de l’île. C’est une construction intentionnelle, les cellules n’ont pas de toiture afin de torturer les prisonniers. Malgré cela, les captifs des geôles extérieures se réjouissent de ne pas être dans les chuồng cọp, des cages de barbelés pointus faites pour tigres, celles-ci ne font pas plus d’un mètre de haut. Les prisonniers y sont entassés, assis le dos courbé pour ne plus jamais sortir, ceux qui sont enfermés là sont battus régulièrement et privés d’eau.

La prison est isolée du monde à deux cents kilomètres de la côte vietnamienne. Les Français y enferment les rebelles jugés trop dangereux pour le gouvernement colonial. Je réside dans l’une des cellules externes, cela fait peut-être quatre mois que je suis enfermé. Je me sens malgré tout privilégié de ne pas être dans les cages à tigres. Une fenêtre à barreaux troue la paroi arrière de chaque cellule. Mes journées sont gaspillées debout devant l’ouverture à regarder l’océan, unique lueur d’espoir dans cette oubliette.

Je n’ai plus la notion du temps. Seul, le calendrier que je vois à travers les persiennes du compartiment des gardiens me donne une idée du jour. On m’a exilé car j’ai attaqué un soldat français dans un marché avec une barre de fer. On enferme ici également les opposants politiques ; dans la cellule adjacente à la mienne est Tôn Đức Thắng, second président du nord Vietnam. Thắng a été déporté en même temps que moi à Côn Đảo. Je bavarde avec lui durant les nuits où la plage est invisible. À l’aube, la vue de l’océan offre une connexion avec les esprits, c’est pourquoi j’y suis si attaché. Les vagues me communiquent l’espoir qu’un jour, je serai sauvé par une force divine. Cette pensée me donne du courage, grâce à elle, mes jambes me supportent encore.

Aujourd’hui le calendrier des Français montre le 11 Juillet 1929. Pendant que je me meurs lentement à observer l’horizon à travers les barreaux de fer, soudain, l’intersection nette de l’océan et des cieux se met en mouvement. L’horizon s’élève doucement et un énorme barrage d’eau semble s’approcher. Rapidement, le phénomène augmente considérablement de taille. Une gigantesque masse d’eau s’approche de la côte. Je la vois déferler sur la plage, se ruant vers la prison à toute vitesse. Serait-ce possible ? L’esprit de l’eau, la déesse Thủy vient à mon secours. En un instant, sa vague inonde ma cellule et m’emporte par delà le toit découvert.

Perdu dans le courant, arbres et bâtis me broient sur mon chemin vers la liberté. Je tombe inconscient momentanément pour plus tard reprendre mes esprits sur un rivage de l’archipel. Lîle n’est pas déserte, en marchant un peu, je pourrai apercevoir un village et m’évader.

Anthony DALLOT

Grain de sel n° 20: Du vrai et du faux

Anthony Dallot, élève de Terminale A, donne ici un aperçu d’une des Méditations métaphysiques de Descartes:

Les Méditations métaphysiques est une œuvre composée de six méditations philosophiques par René Descartes. La quatrième méditation nommée “du vrai et du faux” débute par un questionnement sur la volonté de Dieu. En effet, Descartes se demande pourquoi Dieu ne l’a pas créé parfait mais plein d’imperfections. D’abord, selon lui, “on ne doit pas considérer une seule créature séparément”, il ne faut donc pas prendre un individu en particulier comme référence mais le monde humain dans sa globalité. En effet, une chose singulière “pourrait […] sembler fort imparfaite si elle était seule dans le monde”. Son idée est que le but de Dieu n’est pas de créer l’humain parfait mais de créer le monde parfait, et par conséquent, les défauts humains sont peut-être nécessaires pour créer ce monde idéal.

Descartes se questionne ensuite à propos de la liberté de choix (ce qui est pour lui équivalent à la volonté). Il dit que nous pouvons affirmer n’importe quelle chose, vraie ou fausse, cela nous confère une grande liberté de choix. Cependant, Descartes dit de sa volonté qu’elle est loin d’être sans défaut car Dieu n’a créé personne parfait. Il décrit son intelligence, sa mémoire comme “très petite et bornée” et celle de Dieu comme “immense et infinie”. Par contre, il prétend que Dieu lui a donné la capacité divine du libre arbitre qui “consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose ou ne pas la faire”. Cette volonté, ce libre arbitre est grand : “Il n’y a que la seule volonté, que j’expérimente en moi être si grande”. S’ensuit la définition de la liberté: pour Descartes, la liberté se définit par la liberté de choix. Ainsi, pour être libre, il est nécessaire de connaître le bien et le vrai.

Pour finir sa méditation, Descartes dit qu’il faut se rendre compte de ses erreurs de jugement sans pour autant blâmer sa capacité à juger, c’est-à-dire son libre arbitre, sa volonté. Il dit que chaque fois qu’il commet une erreur de jugement, ce n’est pas la faute de Dieu qui lui a donné un libre arbitre, mais la sienne car il ne connaît pas tous les éléments lui permettant de choisir. Selon lui, juger implique à la fois la connaissance d’une part, et la volonté d’autre part.

Anthony DALLOT

Grain de sel n°19: Annie Ernaux, prix Nobel de Littérature 2022

Après Sully Prudhomme (1901), Frédéric Mistral (1904), Romain Rolland (1915), Anatole France (1921), Henri Bergson (1927), Roger Martin du Gard (1937), André Gide (1947), François Mauriac (1952), Albert Camus (1957), Saint-John Perse (1960), Jean-Paul Sartre (1964), Claude Simon (1985), Gao Xingjian (2000), Jean-Marie Gustave Le Clézio (2008), Patrick Modiano (2014), quinze grands noms de la littérature ou de la philosophie françaises, Annie Ernaux est devenue en 2022 la seizième en France à recevoir le prix Nobel de Littérature… et la première femme de cette liste prestigieuse! (Liste dans laquelle on pourrait d’ailleurs s’étonner de ne pas trouver Colette, Marguerite Duras, Marguerite Yourcenar ou encore Nathalie Sarraute…) Si l’on ne connaît pas encore son oeuvre, semble-t-il assez controversée, on peut toujours l’aborder par son discours à l’Académie suédoise, qui vient d’être publié.

Grain de sel n° 18: Le Banquet de Platon

Anthony Dallot, élève de Terminale A, résume ici Le Banquet de Platon:

Le Banquet (Platon)

Le Banquet” de Platon raconte l’histoire d’un festin où Socrate retrouve ses amis pour discuter du thème de l’Amour. Chacun (respectivement Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane, Agathon et Socrate) prend son tour pour parler de l’Amour.

Le premier orateur, Phèdre, parle de l’importance d’avoir un amant, car le lien avec l’amant est “invincible” et l’amour permet des actions exceptionnelles. Pausanias fait la différence entre “l’Aphrodite céleste” (l’amour entre hommes, du corps et de l’esprit) et “l’Aphrodite populaire” (l’amour entre un homme et une femme qui possède un but purement sexuel). Eryximaque, le médecin, parle de l’amour d’une façon plus générale, l’amour de toutes choses. Selon lui, l’amour peut venir de la musique harmonieuse, de tout être inanimé et même des désastres naturels qui sont fruits des “dérèglement dans les mouvements amoureux qui relient tous ces éléments”. Aristophane, lui, parle de l’origine de l’amour : à l’origine, les humains étaient à la fois hommes et femmes, il les nomme androgynes.

Après Agathon, vient Socrate qui a la tâche difficile car il parle en dernier. Il possède une vision de l’amour qui diffère de tous les autres orateurs, selon lui, l’amour n’a pas toutes les qualités. Il parle d’une femme, Diotime, qui a dit que “l’Amour n’était ni beau […] ni bon”. Cela ne veut pas forcément dire que l’amour est mauvais et vil : il y a un milieu entre le beau et le laid comme il y a un milieu entre la science et l’ignorance, celui qui n’est pas savant n’est pas forcément ignorant. Le discours de Socrate diffère des autres qui voient l’amour comme un grand dieu, comme lui-même le voyait autrefois avant d’avoir rencontré Diotime qui lui a fait comprendre que l’amour n’est ni bon ni beau, il n’est ni un dieu, ni un mortel. Selon Diotime, l’amour est un grand daimon, un intermédiaire entre le mortel et l’immortel. Donc il ne faut pas attribuer à l’amour toutes les qualités comme le font les autres philosophes mais seulement les qualités que l’amour possède vraiment. Elle dit également qu’aucun dieu n’est philosophe car il sont déjà sages et qu’aucun ignorant n’est philosophe car il croit déjà être sage.

Le philosophe est, selon Diotime, celui qui aime la sagesse et qui cherche à s’instruire et à apprendre. Même étymologiquement, le mot philosophie est dérivé du mot φιλοσοφία en grec ancien qui signifie “amour du savoir”. On le voit vers la fin du discours de Diotime, elle prétend que l’Amour est tout d’abord à la recherche d’un beau corps, il se tourne ensuite vers une belle âme, pour enfin se tourner vers la source de cette beauté de l’âme : le savoir. Le discours de Diotime se clôt sur la beauté éternelle, le but de tout ces efforts.

Anthony DALLOT

Grain de sel n°17 : La fille de Phorcys

Anthony Dallot, élève de Terminale A, propose à la lecture de ceux qui passeront par ce blog le petit exercice de réécriture suivant, à partir de la nouvelle de Borgès intitulée La Demeure d’Astérion:

La fille de Phorcys

Les dieux m’accusent d’être hautaine, pleine d’orgueil et d’arrogance. Ces accusations ridicules, fruits de leur propre jalousie, m’ont coûté ma beauté et ma liberté. Depuis, je ne sors plus de ma caverne où j’y suis à l’abri des regards et des jugements. Pénètre chez moi qui le souhaite. Dans ma grotte où l’ombre règne, il ne trouvera aucune richesse ni d’inutile beauté féminine mais le calme, l’isolement et la paix. Il trouvera également un magnifique spectacle naturel, une gigantesque fourmilière de pierre endormie dans l’obscurité de la terre. À la tombée du soir, il m’est arrivé de sortir au village, je suis bien vite rentrée à cause de la peur et la souffrance que j’inspirais au gens normaux et banals, eux et leurs regards sans profondeur, leurs chevelures ordinaires. Ils s’immobilisent, pétrifiés de peur à la simple rencontre de mon regard. On me voit comme un monstre, pourtant, je ne veux de mal à personne.

Moi et mes sœurs, nous sommes uniques, je le vois bien. Les choses communes et les détails mineurs n’intéressent pas ma conscience. Ils me sont tous semblables. Une seule chose compte pour moi, un changement dans mon existence solitaire et monotone. Les nuits sont parfois insupportables.

Bien qu’il ne manque pas de distractions dans cette immense galerie souterraine, comme explorer toutes les cavités sculptées par mon aïeule Gaïa. Autrefois, mes sœurs me rendaient visite, Euryalé (celle qui voit loin) et Sthéno (la puissante). Nous nous amusions avec des jeux que nous faisions ensemble avant la malédiction. Mes sœurs sont les seules qui me ressemblent, qui ne me fuient pas. Nous discutions sans arrêt, nous faisions des jeux de mots, et nous rions toutes de bon cœur.

Le reste du temps je médite dans ma demeure, dans le calme et la tranquillité. Tous les endroits de cet amas de galeries se répètent indéfiniment, je suis condamnée à vivre le même jour éternellement. Rien n’est diffèrent dans cette demeure. Quand je me risque dehors, rien ne change, les temples, les habitations, les gens, la mer, se répètent également, tous, exceptée la fille de Phorcys.

Il arrive que d’autres pénètrent dans mon abîme, j’entends leurs pas et leurs respiration au fond des tunnels de pierres, et je glisse gaiement à leur rencontre, mais ils se glacent, se paralysent sans même que je les touche. Ils restent immobiles où ils sont, éternellement. Leurs corps inertes servent d’édifices dans ma demeure monotone.

Je ne perds pas l’espoir de rencontrer mon libérateur. Ainsi, la solitude ne me fait pas souffrir. Celui qui me délivrera de cette grotte je l’espère, me conduira dans un lieu moins morose. Je me demande comment il sera, un serpent ou un homme? Aura t-il des crocs ?

Un jour, le rédempteur vint. Les rayons du crépuscule resplendissaient sur le miroir d’Athéna où l’éclaboussure de sang noir avait déjà disparu. Persée offrit à la déesse de la guerre, la tête de Méduse.

Anthony DALLOT

Grain de riz n°61: Lauréats du prix Pousse-Crayon 2022

La sixième édition du prix Pousse-Crayon avait cette année pour thème “préposition + écran”, la préposition étant laissée au choix de l’élève. Cette année, six classes de Cinquièmes ont participé: trois de notre LFI Marguerite Duras (Vietnam), deux du lycée Charlemagne de Pointe-Noire (Congo), et une du collège Paul Bert de Drancy (France). Seul un texte par classe a été retenu dans la sélection finale, et les six textes finalistes ont été classés anonymement par un jury de dix professeurs émérites de différentes disciplines, certains à la retraite, d’autres toujours en exercice, qu’il convient ici de remercier:

  • M. BEAU Frédéric, Prof de Maths, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme EXBRAYAT Dominique, Prof d’Anglais à la retraite, Saint-Agrève
  • M. FOUCHER Philippe, Prof de Maths, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • M. LAPAUW François, Prof d’Anglais, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme MKADARA Madina, Prof de Lettres, Collège de Tsimkoura à Chirongui, Mayotte
  • Mme POZNANCZYK ECKERT Irène, Prof de Lettres, École des Pupilles de l’Air, Montbonnot
  • Mme SISMONDI Sara, Prof de Lettres, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme STAIQULY Jocelyne, Directrice d’école maternelle à la retraite, Saint-Pierre d’Oléron
  • M. THARREAU Yannick, Prof de Maths, LFI Marguerite Duras, HCMV
  • Mme VITAL Danièle, Prof en école maternelle à la retraite, Nieul-sur-mer

(Remercions également les professeurs qui ont encadré les élèves dans la rédaction de ces textes, à savoir M. EL HAGE Sami du collège Paul Bert, Mme VITAL Émilie du lycée Charlemagne, Mme DUCOS Sarah et M. GIARD Fabien du lycée Duras…)

Enfin, après le classement final des six textes présélectionnés, trois seulement ont été retenus (ce qui est assez cruel car le quatrième était à un point d’écart du troisième !) Les 3 lauréats de ce concours d’écriture sont donc cette année, par ordre:

  1. Première: Maëlis KLEIN, élève en 5A du lycée Charlemagne, pour A cause de l’écran
  2. Second: Gabriel PHAN GAILLOT, élève en 5A du lycée Duras, pour Derrière l’écran
  3. Troisième: Maël NARVAEZ MARTIN, élève en 5B du lycée Duras, pour A travers l’écran

Bravo à Maëlis ainsi qu’aux deux jeunes gens qui l’encadrent modestement sur le podium ! Vous pouvez lire leurs histoires sur ce blog, et n’hésitez pas à laisser un mot en commentaire de cet article.

Fabien GIARD

 

Grain de riz n° 60 : Deux rédactions parallèles

Les 5B et les 5C ayant lu un extrait du Roman de Renart, ils devaient réutiliser certains des mots qu’on y avait trouvés et expliqués dans un texte de leur invention. Ces mots étaient les suivants: “châtiment, gibet, potence, couard, pécheur, se repentir, touché, se porter garant, vaillant, croisade, foi, attester, bourdonnement, consentir, fétu, gage, infliger, affliger”. La rédaction du texte s’est faite en commun, en agrégeant et discutant les propositions des uns ou des autres. Tous les mots de la liste n’ont pas été utilisés, mais les deux classes sont parties de la même liste, et voici les deux textes fort dissemblables qui en résultent. A vous de voir celui qui aura votre préférence.

Mon cousin Jules

rédaction collective des 5B
L’amoureuse et l’abeille

rédaction collective des 5C

Jules lui avait infligé une profonde blessure avec un long couteau effilé, mais un peu rouillé. Mon cousin était parti à la chasse avec cette arme qu’il avait trouvée dans la poubelle. Brandissant son épée imaginaire au poing, il s’était vaillamment enfoncé dans la forêt.

Je suivais mon cousin Jules à la trace comme un petit chien parce qu' il m’avait invité dans sa cabane. En chemin, nous rencontrâmes quelques champignons appétissants… Je proposai que nous les cueillions, mais Jules n’y consentit pas: Il les tranchait comme un fou, il sautait continuellement à droite et à gauche, et même il plongeait parfois tête la première dans les feuilles pour se camoufler. En effet, une énorme amanite tue-mouche rouge sang, tachetée de points blancs, l’avait effrayé, ce couard ! L’ennemi semblait dangereux, peut-être même vénéneux… Nous nous étions embarqués dans une étrange croisade.

Une fois arrivés, nous aperçûmes, recouvrant les murs, un tas de toiles d’araignée. Ça faisait sûrement un bail qu’il n’était pas venu. C’était l’ancienne maison abandonnée d’un garde forestier, que Jules avait retapée. Il l’avait bien aménagée en fabriquant avec quelques planches clouées un fauteuil, une table et deux chaises. Une magnifique pastèque trônait sur la table. Comment était-ce possible ? De toute manière, ça tombait à pic car j’avais très faim. Mais Jules bondit et planta son long couteau rouillé dans la victime. La malheureuse pastèque éclata : tel était son châtiment ! Elle était rouge sang !

Elle a touché mon cœur. Elle a levé la main pour attester le ciel qu’elle m’aimerait toujours. Elle me suivrait jusqu’au pied de la potence, s’il le fallait !

Une abeille elle aussi semblait m’aimer un peu trop. Elle bourdonnait joyeusement autour de moi, fonçait sur mon œil, butinait mon oreille, m'attaquait par derrière et jamais une seule fois je ne réussis à la chasser. Elle m’énervait tellement, elle allait voir le châtiment que j’allais lui infliger !

« Je t’aime et cela plus que tu ne l’imagines, et même que je ne l'imaginais ! Mais arrête donc de trépigner et de tourner dans tous les sens ! Tes yeux devraient être rivés sur moi. Écoute moi quand je te parle, et puis pourquoi cette abeille te tourne-t-elle toujours autour ! »

Mais après un dernier looping, l'abeille me piqua soudainement en plein sur le nez. Je sursautai et je criai de douleur. Je ne suis pas un couard mais je souffrais atrocement. Je portai la main à mon nez pour voir si je saignais. Il était enflé comme une poire.

Elle me regarda, dégoûtée, puis cria : « Quelle horreur! Te voilà défiguré : tu es affligé d’un nez écarlate et tout bosselé digne de Quasimodo ! Je ne peux plus t'épouser, tu ressembles trop à cette affreuse peinture de Ghirlandaio. »

Le cœur des amoureuses exaltées change plus vite que le vent.