NB: Les 5C et 5D étudiaient Perceval de Chrétien de Troyes lorsque s’est déclarée l’épidémie du Coronavirus. Les cours ayant lieu désormais en ligne, les deux classes se sont essayées à la rédaction collective d’une aventure inédite de Perceval, dont vous trouverez ci-dessous la troisième partie, et qui sera livrée sous la forme d’un feuilleton plus ou moins hebdomadaire…
Pour mémoire:
Perceval n’osa pas négocier le prix et tendit les trois pièces d’or qui étaient d’ailleurs ses dernières au vieillard. Une fois la gourde entre ses mains, il la but en moins de trois secondes. Le soir venu, morne, la mine affligée, il fit halte au bord d’un chemin pour passer la nuit à la belle étoile.
Le lendemain était une journée grise. Il était de mauvaise humeur étant donné qu’il n’avait plus un sou. Perceval reprit la route, mais elle était toute gadouilleuse et l’eau détrempait le cuir de ses belles chaussures. Des nuages gris se formèrent au loin, et un rideau de pluie le rattrapa. Il n’avait jamais vu une telle chose et se demandait pourquoi Dieu inventait tant et tant d’étrangetés. Était-ce colère ou simple fantaisie ? Comment autant d’eau pouvait-il tomber du ciel !
Soudain un énorme bruit de tonnerre gronda. Perceval courut se réfugier sous un arbre et cria: « Le diable arrive! Le diable est là ! » Alors il tomba à genou et supplia : « Dieu très haut, s‘il vous plaît, prenez pitié de votre pauvre serviteur. Je ne veux pas mourir foudroyé. Je suis encore jeune et ma mère ne pourrait pas supporter qu’il m’arrive malheur ! »
La pluie tombait comme une cascade sur ses épaules, sans aucun égard pour les cris du jeune homme. Il entra alors dans la forêt, en dépit du sol glissant et boueux, pour trouver un endroit où s’abriter. L’eau lui montait jusqu’à la cheville et il devenait difficile de marcher. Il trouva de grandes feuilles de fougère. Il essaya de les arracher à mains nues mais, gauche comme il était, il se coupa ! Enfin il parvint à extirper les racines du sol rendu meuble par la pluie. Il les rassembla en entonnoir pour récupérer l’eau afin d’en remplir sa gourde. Sage précaution de sa part : il ne serait plus à sec à l’avenir. Puis il les noua ensemble et s’en fit une couvre-chef qui le protégerait de la pluie.
Il s’enfonça dans la forêt humide et sombre, à la recherche de quelque éventuelle noisette… Les gouttes se raréfièrent enfin, le clapotis de la pluie cessa, et le soleil se révéla à travers les branches des chênes et des frênes. Il brillait merveilleusement dans les feuilles verdoyantes…