Grain de riz n° 32: Perceval et Coronaviral (2)

NB: Les 5C et 5D étudiaient Perceval de Chrétien de Troyes lorsque s’est déclarée l’épidémie du Coronavirus. Les cours ayant lieu désormais en ligne, les deux classes se sont essayées à la rédaction collective d’une aventure inédite de Perceval, dont vous trouverez ci-dessous la deuxième partie, et qui sera livrée sous la forme d’un feuilleton plus ou moins hebdomadaire…

Pour mémoire: Perceval et Coronaviral, partie 1

Perceval quant à lui continua sa route par une belle journée ensoleillée. Le chemin était caillouteux mais il avançait sans se soucier de rien, emporté par son enthousiasme et enchanté par les fleurs de toutes sortes qui embaumaient la campagne. Mais à force de marcher, au bout de quelques heures, il finit par avoir tellement soif qu’il aurait pu boire une rivière tout entière. Le soleil commençait à taper et les jambes de Perceval se faisaient lourdes. Perceval regretta de n’avoir pas ramené son cheval avec lui, mais il essaya de ne pas se plaindre car il ne voulait pas se mettre Dieu à dos…

Perceval avait marché depuis des heures, il était fatigué et avait une soif extrême, il décida donc de se reposer. Mais quand il sortit sa gourde d’eau il n’en restait même plus une goutte ! Il jeta un œil autour de lui mais il semblait n’y avoir aucun point d’eau ; il n’avait plus que ses larmes pour boire !

Il était maintenant si fatigué que sa vue lui jouait des tours. Il voyait flou, mais il finit par apercevoir un vieil homme arriver au loin, bringuebalant sur son âne, qui portait deux grands tonneaux. Lorsqu’il fut à sa hauteur, Perceval lui demanda :

– Que portez-vous donc dans vos tonneaux ?

– Je vends de l’eau aux gens assoiffés comme vous.

– Dieu vous bénisse, vous me sauvez la vie ! Et à combien la vendez-vous ?

– Trois pièces d’or.

– Trois pièces d’or! N’est-ce pas un peu cher pour de l’eau?

– Cette eau a été filtrée par du charbon, du sable et des cailloux, et je vous conseille de l’acheter car toute eau n’est pas bonne à boire aujourd’hui. Voyez-vous, nombreux sont les buveurs d’eau qui ont été empoisonnés : on les compte aujourd’hui par milliers !  Croyez-moi, l’eau que vous réclamez vaut bien son prix : elle peut vous sauver la vie, car on ne peut pas soigner cette maladie avec une simple cuillère de miel.

Perceval n’osa pas négocier le prix et tendit les trois pièces d’or qui étaient d’ailleurs ses dernières au vieillard. Une fois la gourde entre ses mains, il la but en moins de trois secondes. Le soir venu, morne, la mine affligée, il fit halte au bord d’un chemin pour passer la nuit à la belle étoile.

A suivre…

Grain de riz n° 31: Soigne ton Clac !

Confiné chez soi, on peut lire, mais on peut aussi écrire, dessiner, bricoler, inventer, mettre en forme les mille et une idées qui nous traversent la tête en permanence: c’est à cela que servent les Clac (Carnet Littéraire, Artistique et Culturel), qui ont pris le relais des Journaux de Lectures . Quelques élèves nous ont envoyé leurs belles pages réalisées pendant les vacances. Si vous n’avez pas commencé ou si vous avez laissé traîner la chose, il est toujours temps de commencer, car de toute cette période de confinement, d’ennui, de distanciation sociale et de visages masqués, il ne restera peut-être plus tard que ces pages sur lesquelles vous aurez passé du temps et vous serez appliqué!

Grain de sel n° 14: Où trouver quoi lire?

Où trouver quoi lire?… Par exemple en cliquant ICI

Plusieurs élèves, n’ayant pas sous la main le livre qu’il leur a été demandé de lire pendant les vacances, m’ont envoyé un mail pour me demander quoi lire à la place.

Et de fait, le plus important n’est pas de lire tel ou tel livre qui aurait été prescrit, mais de lire celui qui nous fait envie, celui dont le titre ou la renommée nous attire, celui qu’on n’aurait jamais eu l’idée de lire si l’on n’était pas tombé dessus par hasard. De toute façon, celui qui aime déjà lire aura toujours quelque chose à lire entre les mains; mais celui qui n’aime pas encore lire (ou plus exactement celui qui ne sait pas encore qu’il aime lire) doit cependant s’y efforcer le plus régulièrement possible, ne serait-ce qu’en raison des retombées que cette activité a sur notre propre maîtrise de la langue: par exemple l’acquisition du vocabulaire, la familiarité que l’on acquiert avec des tournures de phrases plus fines et plus complexes que d’ordinaire, la capacité à démêler l’écheveau des intrigues, des sentiments et des raisonnements au sein desquels nous sommes de toute façon appelés à vivre. Lire c’est apprendre à s’exprimer, lire c’est essayer d’y voir clair.

Mais la question est aussi de savoir où trouver le livre que l’on cherche, et c’est pourquoi je rédige ce petit billet.

La librairie française est fermée, je ne sais trop ce qu’il en est de l’Idecaf, et de toute façon on nous demande de limiter nos déplacements au strict nécessaire… et donc, si votre propre bibliothèque est dégarnie, vous vous trouvez malheureusement dans une situation de pénurie littéraire préoccupante. (Les écrans certes auront tôt fait de vous le faire oublier… mais après quelques heures de jeu vidéo, vous n’aurez pas avancé d’un iota dans la maîtrise de la langue ou dans la compréhension du monde.)

Pour savoir quoi lire, le présent blog offre quelques pistes, proposées par vos professeurs. Pour savoir où trouver un livre que l’on cherche, le catalogue en ligne Nos livres est un point de départ essentiel: il recense tous les livres numériques du domaine public francophone, disponibles gratuitement, en collationnant les catalogues de 14 sites de référence (dont Gallica, Wikisource, etc.) et comporte plus de 10 000 titres! Il y aura bien parmi eux quelque chose qui puisse vous intéresser… Le site Bibebook est également une petite mine. Et pour les anglophones, vous avez dans le même esprit le site Openculture.

Moi-même j’étais il y a quelques jours en train de désespérer de n’avoir pas sous la main Feu Mathias Pascal (un roman de Luigi Pirandello que je me repentais de n’avoir toujours pas lu) et déjà j’écrivais en France pour qu’on me l’achète et me le fasse parvenir au plus vite. Mais c’était peine perdue, puisqu’en France on est en situation de confinement, et que les liaisons aériennes sont de toute façon interrompues. Je me suis alors souvenu que beaucoup de classiques sont tout simplement en ligne, à la disposition du public, en attente de leurs lecteurs: et je viens justement de trouver en trois clics le livre dont j’avais soudain si soif! De la même façon, on trouvera en trois clics ou même en un seul Le Comte de Monte-Cristo qui était recommandé à votre attention dans un article précédent des 6èmes.

Évidemment, comme il s’agit de livres disponibles en ligne, on se retrouve encore devant un écran. Certes… C’est un pis-aller… Aussi pourra-t-on aussi chercher du côté de la radio, car il existe toute une tradition de l’adaptation et de la lecture radiophonique. C’est ainsi par exemple que je viens d’apprendre que France Culture rendait disponible Les Misérables de Victor Hugo, dans une série radiophonique de 14 épisodes de 24 minutes chacun… Si vous avez du mal à lire par vous-même, c’est l’occasion de se laisser porter par la voix de lecteurs émérites, sans se soucier de ce que l’on ne comprend pas forcément et qui fait aussi partie du plaisir de l’écoute, et de parcourir ainsi (tel le roi Shahryar à qui Shéhérazade raconte ses histoires) un des monuments de la Littérature française…

Je termine par la notice d’Hélène Bleskine qui présente ladite série radiophonique consacrée aux Misérables sur France Culture: « Lire Les Misérables de Victor Hugo vous fait pénétrer dans la langue de notre grand poète français. Un territoire connu, mais presque oublié du côté de sa voix, de la singularité de sa voix. Cette histoire, maintes fois adaptée au cinéma, cache son écriture. On reconnaît la trame, les personnages mythiques, le Paris des révolutions, mais on a perdu ce qu’il a écrit. C’est assez difficile à exprimer, mais c’est ce que l’on découvre lorsqu’on se laisse envahir par le livre. C’est comme si l’on touchait du doigt les fibres de notre patrimoine dans ce qu’il a de meilleur, dans ce qu’il peut nous rendre meilleur. Victor Hugo aime l’Histoire et il nous la fait aimer. Roman-fleuve donc, où rien ne manque, le suspens, les digressions, les interrogations, les personnages incroyablement présents, leurs destins entremêlés. Dès lors, le choix de l’adaptation pour la radio fut de faire entendre sa voix. Et elle apparaît en éclats de voix, ou des voix en éclats. Presque cousues pour aller à l’épure. En espérant transmettre cette émotion provoquée par ce qui est écrit. »

Fabien GIARD

 

Grain de riz n° 30: Perceval et Coronaviral (1)

NB: Les 5C et 5D étudiaient Perceval de Chrétien de Troyes lorsque s’est déclarée l’épidémie du Coronavirus. Les cours ayant lieu désormais en ligne, les deux classes se sont essayées à la rédaction collective d’une aventure inédite de Perceval, dont vous trouverez ci-dessous la première partie, et qui sera livrée sous la forme d’un feuilleton plus ou moins hebdomadaire…

La mère de Perceval autant qu’elle le put retarda le départ de son fils, mais il insista et partit sans avoir aucune idée de ce qui allait se passer. En effet, comme elle était veuve, elle s’inquiétait à l’idée qu’il parte en la laissant seule, car Perceval était son dernier soutien. Jamais elle ne pourrait vivre en l’absence de celui-ci! Elle avait déjà perdu son mari et ses aînés, alors pourquoi le perdrait-elle, lui qui faisait toute sa joie, et dont l’aide quotidienne lui était si précieuse ? Qu’allait-elle devenir? Une vieille femme qui mourrait de chagrin et de solitude…

Mais tout avait été vain. Il partit donc, malgré les pleurs et les plaintes de sa mère. Celle-ci pressentait qu’il allait se passer quelque chose d’épouvantable, elle en avait eu une vision mais l’avait soigneusement tenue cachée.

Ce rêve venait la visiter régulièrement comme la marée, laissant en elle des traces inquiétantes… Elle se sentait envahie par un mystérieux sourire narquois, dont elle n’arrivait pas à se défaire et qui la terrifiait. Elle voyait aussi parfois dans ce rêve son fils affrontant un rival implacable, la cotte de mailles scintillant de milliers d’éclats. Son visage était caché derrière un heaume écarlate. Mais Perceval était pris d’une étrange faiblesse, comme si quelque chose l’étranglait. Et derrière cet étrange chevalier, toute une horde d’ennemis se bousculait. Mais il tombait chaque fois à terre sans réussir à les toucher, et sa mort lui paraissait certaine ! Elle se réveillait alors, tremblant de tous ses membres, et, craignant que ce ne fût prémonitoire, elle préférait garder cela pour elle.

Après le départ de Perceval, elle fit alors une prière : « Dieu, protégez mon fils. J’ai déjà perdu mon mari à la guerre, je ne veux pas que mon Perceval tombe entre de mauvaises mains.»

Perceval quant à lui continua sa route par une belle journée ensoleillée. Le chemin était caillouteux mais il avançait sans se soucier de rien, emporté par son enthousiasme et enchanté par les fleurs de toutes sortes qui embaumaient la campagne.

A suivre…

Grain de sel n° 13: Vacances forcées (Première chronique des Sixièmes Bel-et-bien-Cercopithèques)

NB: Les Sixièmes Bel-et-bien est le nom de guerre des 6B, de même que les Sixièmes Cercopithèques est le masque simiesque des 6C. Cette chronique a été écrite en collaboration des deux classes lors des séances virtuelles. Si ce dialogue éveille en vous l’envie d’y ajouter votre grain de sel, n’hésitez pas à proposer vos remarques en commentaire de l’article!

Le Coronavirus fait des histoires

 

Durant l’épidémie du coronavirus (autrement appelé covid-19), nous sommes restés cloués chez nous. L’école était fermée. Mais des classes virtuelles se sont mises en place, et malgré tout on a eu des devoirs à faire ! Par exemple, nous avons dû rédiger ce petit texte collectif qui prend la forme d’un dialogue :

– C’est trop bien ! On a plus de vacances !

– Et en plus, grâce au coronavirus, on peut se coucher tard et faire la grasse matinée…

– Oui mais bon, je crois que tout le monde s’ennuie à la longue, c’est triste, je ne fais rien de ma journée à part faire mes devoirs.

– C’est sûr ! j’étais content au début mais maintenant j’en ai marre : Je n’ai pas pu aller à mon cours de piano, c’est trop nul !

– Et moi à mon cours de basket qui est à l’AIS à Thao Dien !

– Et moi à mon cours de natation !

– Le théâtre aussi a dû être annulé… On reste enfermé chez nous sans rien faire, je m’ennuie à mort ! Mes parents ne me laissent même pas sortir dehors pour jouer avec mes amis et je dois supporter ma sœur 24h sur 24.

– Moi je suis collée sur mon téléphone ou sur mon ordi tous les jours, et je ne fais rien d’autre, et à la longue ça me fait mal à la tête…

    

– Mais non, c’est super ! Moi je vais me mettre devant un jeu vidéo et je passe le temps sans le voir passer… du coup je dors tard. On a beaucoup moins de cours comme ça, mais ce n’est pas vraiment un problème : C’est vrai qu’on ne voit plus les copains, mais on peut les retrouver en jouant à des jeux “multiplayer”

– C’est vrai, et même pendant les cours virtuels, je peux jouer à Phaurtnaïte ou Raobleauqus ou à n’importe quoi d’autre, ou chatter sans que le prof le sache car il ne peut pas me voir. Lol.

–  Parle pour toi ! En vrai c’est nul… On prend du retard parce que même quand tout se passe bien, c’est dur à suivre et tout est plus lent. En plus les connexions sont très faibles pour certains élèves, et s’ils ratent les séances ils vont être en décalage. Si on retourne à l’école la semaine prochaine, on devra rattraper tous ces cours qu’on a manqués ! En plus, je travaille dans ma chambre, mais je n’ai pas tous les cahiers qu’il me faut et il faudra que je recopie le cours dedans…

– Mais au moins on se lève quand on veut, plus besoin d’aller attraper son bus, plus besoin de faire la queue à la cantine…

– Je peux même manger mon petit déjeuner pendant le cours d’anglais !

– Oui mais en dehors des cours virtuels et des jeux vidéos, on tourne en rond dans la chambre et on s’ennuie…

– On peut quand même s’occuper autrement : au lieu de s’abrutir devant son écran, on peut lire tant qu’on veut… Je me suis lancé dans un livre de 1000 pages que je n’aurais jamais osé ouvrir avant, quand j’avais cours toute la journée.

– Je ne te crois pas, un livre de mille pages c’est beaucoup trop compliqué !

– C’est pas parce que c’est long que c’est compliqué…

– Ah ouais, et c’est quoi ton livre ?

Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas !

– Ça a l’air nul ton livre : c’est encore un conseil de lecture du prof de Français ? Je préfère encore jouer à mes jeux vidéo… Ça parle de quoi ?

– Eh bien c’est l’histoire d’un marin, Edmond Dantès, qui doit se marier en arrivant à Marseille… Mais des ennemis ont monté un complot contre lui, il est accusé injustement et envoyé au cachot. Il perd tout, sa liberté, sa fortune, et même sa fiancée qui finit par épouser l’un des menteurs (mais elle ne le sait pas!)… il passe des années et des années dans son cachot, complètement désespéré, mais un jour il finit par s’évader en prenant la place d’un mort dans un sac que les gardiens jettent à la mer… Pourtant il y a une pierre dans le sac ! Il a quelques secondes pour ne pas se noyer, mais il arrive à en sortir. Et à partir de là, il va essayer de retrouver tous ceux qui lui ont fait ça… C’est trop génial ! Tu ne peux pas t’arrêter à la fin d’un chapitre que tu es obligé de commencer le suivant…

– C’est une histoire vraie ?

– Je ne sais pas, peut-être… Mais j’ai entendu dire qu’on pouvait vraiment visiter la cellule d’Edmond Dantès au Château d’If, sur une île au large de Marseille…

– Tiens, peut-être que je vais lire ton livre, j’en ferai un article dans mon Clac. Le comte de Monte-Cristo ça a l’air pas mal en fait et justement je ne savais plus quoi prendre comme sujet…

– Ah ouais, bonne idée ! Moi, je passe mon temps à continuer le CLAC, alors je m’ennuie pas trop. Je fais un article par jour.

– Un article par jour ?! Ce n’est pas possible. Nous sommes restés à la maison pendant un mois et chaque jour tu écris un article ? Mais t’es malade, ça fait au moins 30 articles !

– Si si, je t’assure, je te les montrerai la prochaine fois.

–  Ils sont sûrement vite faits, tes articles… Moi je n’en fais pas beaucoup parce que je les fais seulement quand j’ai vraiment une bonne idée…. Et je prends le temps de bien les décorer.

– C’est comme moi, je n’ai pas fait beaucoup d’articles… par contre j’en ai profité pour faire une petite vidéo que j’ai mise sur Youtube

– Elle parle de quoi ta vidéo?

– Elle parle de personnages qui essaient de combattre le coronavirus par tous les moyens

– Mais comment tu as eu cette idée ?

– On a eu l’idée de faire une vidéo car tous les jours, nous sommes sur le téléphone à regarder Youtube. On a voulu faire un sketch sur le coronavirus pour le combattre et retourner à l’école : C’est pour exprimer ce qu’on espère !

– Et comment vous avez fait?

– Avec des legos animés. Notre technique était qu’à chaque mouvement d’un lego il fallait couper la vidéo, et faire ça pour tous les mouvements. C’était drôle de le faire quoique plutôt compliqué par contre… Mais nous sommes fiers du résultat.

– Elle est longue ta vidéo ?

– Non, à peine une minute et trente secondes… On ne dirait pas comme ça, mais on a mis au moins cinq jours pour la réaliser.

– Moi je l’ai vue ta vidéo ! J’aime bien quand les bonhommes arrivent à l’école en avion au beau milieu de la cour…

– Aller à l’école en avion, on aura tout vu !

– N’empêche que moi j’ai vraiment pris l’avion pour aller à Phú Quốc, et quand je suis arrivé à l’aéroport, des gens armés d’un thermomètre prenaient la température de tout le monde. … c’était bien Phú Quốc mais quand je travaillais à la classe virtuelle je n’entendais pas toujours très bien à cause de la wifi.

– Oui mais au moins tu as pu partir. Nous on a essayé d’aller en Corée du sud. Mais c’était impossible car on n’aurait pas pu revenir au Vietnam. Donc je suis resté coincé dans mon appartement, enfermé comme dans une cage, coupé du monde… au moins avec les cours virtuels on a pu garder contact

– Oui mais bon, je veux quand même revenir à l’école parce que à cause du coronavirus je ne vois plus mes amies! Je ne peux pas aller jouer avec ma cousine. Je dois mettre mon masque quand je sors : c’est nul !

– Moi le virus ne m’empêche pas de voir mes amis car j’habite très près d’eux et mes parents me laissent sortir sans masque

– Dire qu’à cause du coronavirus j’aurais pu rester en France un mois en plus ! Pile arrivée ici, j’ai appris que l’école serait fermée. J’étais allée rendre visite à ma famille que j’aurais pu voir plus longtemps

– Moi hier j’étais tout en haut de la Burj Khalifa, à Dubaï. Elle a plus de 200 étages. Elle fait 828 m de hauteur, et c’est de tout là-haut que je suivais les cours virtuels

– Ah oui ? Moi j’étais sur l’Himalaya, il faisait très froid, la connexion n’était pas bonne parce que j’étais à dos de yack.

– Tu n’aurais pas mis la clim un peu trop froid par hasard ?

– Bon, mais le mieux dans toute cette histoire vous savez ce que c’est ?

– Non…

– C’est qu’on peut aller aux toilettes quand on veut !

Grain de riz n° 29 : Semaine de la Francophonie en poésie

Cette année encore, les élèves du LFI, du CP à la Terminale, ont été invités à composer des poèmes autour de 2 thèmes au choix : “ La Nature en colère…” ou “ Je suis un Homme…”

“La poésie c’est ce que l’homme a de plus divin dans la pensée ; de ce que la nature visible a de plus magnifique dans les images et de plus mélodieux dans les sons ! C’est à la fois sentiment et sensation, esprit et matière, et voilà pourquoi c’est la langue complète, la langue par excellence qui saisit l’homme par son humanité tout entière, idée pour l’esprit, sentiment pour l’âme, image pour l’imagination, et musique pour l’oreille !” (Alphonse de Lamartine)

La participation massive a permis d’exposer de sublimes créations et de récompenser des élèves de tous âges, passionnés par la richesse de la langue française et sensibles à la beauté du monde.

CE1 - CE2CM1 - CM26° - 5°4° - 3°Lycée
Dame Nature
Marianne de Valentina
Marianne d'Olivia
Marianne de My Xuan
Marianne de Jasia
Bleu
Environnement
L'ours et l'enfant
La terre
Le lézard dans la nature
Mère Nature en colère
Shangaï
Bonjour, je suis une fraise
Homme, préserve la nature
Toi, l'humain
Discours d'une panthère
Et l'avenir
L'humanité
La philosophie humaine
La terre en pleurs
Ma nature
Ainsi poussés
Blanc comme neige
La tortue
Le voici, le dernier
Poème de l'érable
Un accord, une mélodie

Céline NGUYEN ANDREIS, Professeur de Lettres Classiques

Grain de riz n° 28: Maquettes des latinistes

Les collégiens latinistes (4e en 2017, 4e en 2018, 5e-4e en 2019) ont réalisé collectivement une maquette du forum romain à l’échelle : à l’aide d’un matériel rudimentaire (carton-plume, cutter, colle, peinture)…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

… ils ont étudié les plans, tracé, découpé, assemblé leurs pièces, leurs efforts et leurs rires pour enfin présenter ce magnifique travail de longue haleine, et dont ils souhaitent enrichir encore les finitions l’an prochain…

Chaleureuses félicitations à tous ces élèves enthousiastes, rigoureux et créatifs !!!

 

Céline NGUYEN ANDREIS, professeur de Lettres Classiques.

 

Grain de riz n° 27: Des Merveilles au pays d’Alice

Alice au pays des Merveilles, le célèbre récit de Lewis Carroll paru en 1865, a été traduit en français en 1869 et plusieurs fois adapté au cinéma (la meilleure adaptation étant naturellement celle du tchèque Jan Švankmajer en 1988…)

150 ans après la première traduction française de ce texte hors normes, les élèves de 5ème du lycée Marguerite Duras à Ho-Chi-Minh-Ville proposent aujourd’hui ces

Merveilles au pays d’Alice

un recueil de textes à contraintes inspirées de situations alicieuses, lesquelles donnent désormais leur nom à quelques jeux d’écriture oulipiens comme les Trous de lapins, les Chiens sans niche, les Queues de souris, ou les Sourires de chats

Ces textes ont été écrits par plusieurs classes de 5èmes entre 2016 et 2019. Il ont été rédigés collectivement par la classe à partir de premiers jets individuels retravaillés avec le souci maniaque de la perfection – la contrainte étant finalement un moyen de ne pas se satisfaire de ce que l’on a, comme il est essentiel de ne pas l’être.

Nous déplorons d’ailleurs une coquille dans ce recueil, et nous laissons au lecteur attentif le soin de la découvrir.

Fabien GIARD, professeur de Français des 5A et 5B

PS: Il existe une version imprimée de ce livre, appelé à devenir rare et à prendre de la valeur. Estimez-vous heureux si vous en avez un et conservez-le précieusement.

 

Grain de riz n° 26: Éclats de vers

Dans le cadre de la séquence sur la poésie lyrique en classe de quatrièmes A et D, les élèves étaient invités à rédiger des poèmes courts, notamment sur le modèle du Haïku japonais, qui cherche à exprimer l’émotion d’un instant intime en quelques vers pouvant être lus en un seul souffle. Cet atelier d’écriture avait aussi pour but de travailler sur les règles de la versification : la mesure du vers, les accents, la disposition et la richesse des rimes. Pour chacun des poèmes, un ou deux vers, selon ta taille de la strophe, étaient donnés pour être poursuivis selon l’ inspiration personnelle de chacun, mais en gardant le registre, la mesure et la richesse des rimes du ou des premiers vers. La seconde partie de l’atelier proposait d’écrire des poèmes courts « en liberté » avec pour seule contrainte de donner au poème un registre lyrique amoureux ou élégiaque. C’est ainsi qu’est né le recueil Éclats de vers.

Xavier VUILLERMET, professeur de Français des 4A et 4D

Grain de riz n° 25: Les Sourires de chats

Chacun sait qu’un mystérieux chat du Cheshire tient de curieux propos à la curieuse Alice, dans le célèbre récit de Lewis Carroll. Qui plus est, ce chat disparaît, mais son sourire demeure, flottant dans le vide.

Nous inspirant de cette situation, nous avons imaginé le jeu d’écriture suivant : d’abord écrire une phrase contenant le mot sourire et disposée en sourire dans la page ; puis, pour la faire disparaître, écrire par dessus un texte masque qui réutilisera les mots de cette phrase, mais pris dans un autre contexte grammatical ou sémantique. Ainsi, la phrase est là sans être là… seule la couleur ou telle autre modification typographique en rappelle la présence, qui peut se lire selon la courbe du sourire.

Les 10 textes présentés ici en sont quelques exemples produits en 5A et 5B: Sylvie et Annabella à partir d’un sourire de MAI Minh Anh et d’un masque de VINH TON NU Kathy, Le Poilu héroïque à partir d’un sourire de Martin DUMAS et des masques de Léna CHERVILLE et Bernard BUI, La coccinelle des bois à partir d’un sourire de OH Ji Won et d’un masque purement collectif,  Les goinfres à partir d’un sourire d’on ne sait plus qui et d’un masque de MAI Minh Anh,  Les compliments à partir d’un sourire de Luna GREEN et d’un masque de Leyla HOANG, Sous la lune à partir d’un sourire et d’un masque de Viêt Duy LE DERENNE, Tommy et Jeremy à partir d’un sourire de Sathine VAGBA LEGA et des masques de Viêt Duy LE DERENNE et Alain BROD, Bibi le babouin à partir d’un sourire de Léo AUCANTE et des masques de Julie CABANAT, Loé LARSEN MATSUMOTO et CHOI Eun Seo, L’employé de bureau à partir d’un sourire de HONG Hoang Khoi et des masques de Charlotte GRESWOLD et Myan CAPA, La vérité du loup à partir d’un sourire de David TRAN et d’un masque de CHOI Eun Seo. Mais il s’agit d’écritures collectives: à partir de ces propositions d’élèves combinées entre elles, tous les autres élèves de la classe étaient invités à y apporter toute amélioration possible, à proposer leurs solutions pour résoudre tel ou tel problème d’expression, sous la direction et parfois avec l’aide du professeur, jusqu’à parvenir à un état du texte satisfaisant.

Le grand intérêt de cette contrainte d’écriture (contrainte assez difficile à satisfaire, comme s’en rendra compte celui qui voudra s’y essayer) tient au fait que pour intégrer les mots ou syllabes arbitrairement fixés dans le texte, et surtout respecter les distances imposées entre eux ou entre elles (tout écart entraînant une malencontreuse déformation du sourire) le rédacteur est obligé de pousser très loin sa réflexion sur la cohérence logique du texte, et de mener cette réflexion d’ensemble en étroit accord avec la réflexion syntaxique et lexicale, à l’échelle de la phrase. La progression se fait de plus en plus ardue au fur et à mesure des obstacles que le masque rencontre en franchissant le sourire, de sorte qu’il faut parfois changer l’ensemble à partir du détail, écrire de droite à gauche, aller chercher loin la prise magique qui, ainsi qu’une petite écaille imperceptible, permet à l’alpiniste de franchir un surplomb. Un autre intérêt est que cette activité oblige à prendre conscience des ressources dont dispose le cerveau collectif de la classe, ainsi que du temps qu’il est absolument nécessaire de perdre pour obtenir les meilleures solutions: pinailler et piétiner, en littérature, c’est avancer. D’abord, il faut savoir poser clairement les termes du problème rencontré localement, puis baliser et explorer plusieurs pistes possibles pour résoudre celui-ci, et enfin faire notre choix parmi toutes les solutions mises en concurrence et soigneusement évaluées selon leurs mérites respectifs: quand il faut un quart d’heure, ou plus, pour trouver un mot, il est d’autant plus précieux!

Fabien GIARD, professeur de Français des 5A et 5B