NB: Les 5C et 5D de l’année 2019-2020 étudiaient Perceval de Chrétien de Troyes lorsque s’est déclarée l’épidémie du Coronavirus. Les cours ayant eu lieu en ligne pendant quelque temps, les deux classes se sont essayées à la rédaction collective d’une aventure inédite de Perceval. En 2020-2021, leurs successeurs de 5A et de 5D ont pris le relais de l’histoire au point où elle avait été interrompue, c’est-à-dire en pleine forêt, au bord d’une rivière périlleuse. Celle-ci sera livrée sous la forme d’un feuilleton plus ou moins régulier sur ce blog… Les Cinquièmes de l’année passée, aujourd’hui en Quatrième, doivent par ailleurs s’occuper d’illustrer l’histoire qu’ils ont commencé à écrire et que d’autres terminent à leur place. Ce travail en cours, une fois achevé, devrait être publié dans sa totalité en fin d’année.
Pour mémoire:
- Perceval et Coronaviral, partie 1
- Perceval et Coronaviral, partie 2
- Perceval et Coronaviral, partie 3
- Perceval et Coronaviral, partie 4
- Perceval et Coronaviral, partie 5
- Perceval et Coronaviral, partie 6
- Perceval et Coronaviral, partie 7
- Perceval et Coronaviral, partie 8
- Perceval et Coronaviral, partie 9
- Perceval et Coronaviral, partie 10
- Perceval et Coronaviral, partie 11
- Perceval et Coronaviral, partie 12
- Perceval et Coronaviral, partie 13
- Perceval et Coronaviral, partie 14
- Perceval et Coronaviral, partie 15
- Perceval et Coronaviral, partie 16
- Perceval et Coronaviral, partie 17
- Perceval et Coronaviral, partie 18
- Perceval et Coronaviral, partie 19
- Perceval et Coronaviral, partie 20
- Perceval et Coronaviral, partie 21
- Perceval et Coronaviral, partie 22
Ils étaient ainsi tous prêts à partir à l’assaut du château de Coronaviral.
L’armée, que dirigeait Perceval, partit vers les lointaines montagnes. Après quelques heures, tous comprirent où ils étaient : une sinistre vallée solitaire constituée de ravins sans fond, de roches aussi noires que le charbon. Ils crurent parfois apercevoir des chevaliers mystérieux, leur armure noire comme le néant, mais ce n’était que des ombres. Perceval essayait d’être prudent partout où il allait. Les alentours ressemblaient à un véritable enfer, c’est ce que Perceval se disait. Le ciel était cramoisi, on aurait dit qu’il saignait vers la montagne…
Perceval se sentit alors gagner par la terreur, mais il ne pouvait plus reculer. Ils progressaient lentement, pas à pas, boucliers en avant pour se défendre, épée en main pour attaquer. Non seulement le paysage n’était pas agréable à regarder, mais la route était cahoteuse, et trempée à cause des intempéries. Exténués et transis de froid ils décidèrent de s’abriter quelques heures sous un repli rocheux... Ils reprirent leur ascension par un chemin boueux parsemé de gros rochers taillés en pointe. L’un des chevaux s’était blessé: il fut laissé derrière avec un médecin.
Mais ils parvinrent enfin, après une longue marche, au pied de cette montagne au sommet de laquelle se trouvait un imposant château aux briques noires, entouré d’un brouillard très dense. Il y avait une tour plus haute où on pouvait apercevoir une lumière.
Mais il y avait d’abord une première muraille, haute à première vue d’au moins soixante-cinq pieds. La végétation poussait entre les pierres, on aurait dit que ce château avait été abandonné depuis longtemps. Il était percé de meurtrières. Au centre du mur, il y avait une grande porte de chêne. Derrière, encore un autre mur, plus haut que le premier, lui aussi percé de meurtrières. C’était le donjon, un immense donjon d’au moins cent vingt pieds.
– Eh bien, l’attaque ne va pas être de tout repos, soupira Perceval. Que l’on établisse le camp pour la nuit.
Alors Léodagan sonna l’ordre de camper, grâce à la petite trompette dont il était si fier. Les soldats firent leurs tentes et se jetèrent dessous. Ils avaient marché toute la journée et étaient épuisés. Au centre du campement, les seigneurs étaient installés dans une plus grande tente où se tenait le conseil de guerre.
– Moi, proposa Léodagan, je dis qu’on prend tous les gars et on fonce dans le château !
– Il faudrait plutôt envoyer un groupe d’hommes en éclaireurs, puis un autre, etc, proposa Madame de la Floquette.
– Ils nous faut une meilleure stratégie, déclara Perceval. Celle de Léodagan me semble un peu trop simpliste. Celle de Madame de la Floquette est trop risquée pour nos hommes. Il serait sans doute préférable de procéder ainsi : L’infanterie part à l’assaut et essaie de pénétrer dans le château grâce à de grandes échelles pendant que d’autres, à l’aide d’un bélier, tentent d’enfoncer la porte. Derrière, les trébuchets envoient de lourdes pierres pour faire une brèche dans le mur. Lorsque le bélier aura enfoncé la porte principale, la cavalerie entrera alors en action. Elle pénètre dans le château et attaque les soldats à l’intérieur. Pendant ce temps, l’infanterie fait la même chose pour le deuxième mur. Lorsque les hommes ont enfoncé le mur, eh bien l’infanterie, euh non, la cavalerie, pénètre aussi dans la haute-cour, car pendant que l’infanterie essayait d’ouvrir la porte, la cavalerie, elle, a eu tout le temps de massacrer tous les ennemis dans la basse-cour. Alors, elle revient à la charge et elle massacre tout les ennemis dans la haute-cour. L’infanterie, elle, eh bien elle pénètre dans le donjon et elle tue tout le monde.
– Je vous ferai remarquer qu’on ne dit pas la basse-cour, qui est réservée aux poules, ni la haute-cour, réservée à la Justice, il vaudrait mieux dire la cour inférieure et la cour supérieure, fit remarquer le baron de la Giardinière…
– Vous laisserez quand même le seigneur vivant, et ceux qui se rendent aussi j’espère, supplia Madame de la Kouteilerie…
– Je pourrai peut-être faire quelques exceptions, répliqua Perceval. Alors que pensez-vous de ma stratégie ?
– À vrai dire, dit Madame de la Floquette, je n’ai pas tout saisi.
– Moi non plus, je n’ai pas vraiment tout compris, dit le Comte d’Aucanthe, ça va trop vite…
– Eh bien c’est pourtant simple, dit Perceval.
Et il raconta tout de la même manière en s’accompagnant de grands gestes des mains.
– Mais Perceval, si on te dit que l’on n’a pas tout compris, il faut l’expliquer d’une autre manière, raisonna Fabiano de la Giardinère.
Perceval expliqua donc d’une autre manière, en rajoutant encore plus de détails et de gestes. Domenico Del Dango lui, s’ennuyait et ne s’intéressait ni aux gestes de Perceval ni à ses explications, car pour passer le temps il s’était absorbé dans des calculs. Pendant ce temps là, Perceval, Marie-Marguerite de la Kouteilerie, Valériane de la Floquette, le Comte Lorenzo d’Aucanthe et Fabiano de la Giardinière débattaient sur la meilleure stratégie, posaient mille questions et faisaient mille objections.
– Il faudra orienter les trébuchets selon un angle de 113° finit simplement par déclarer Domenico.
Cela fit taire tout le monde.
A suivre…